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A partir du salon de
1771, Chardin expose des portraits réalisés au pastel. Dans l'année littéraire, on
peut lire : "c'est un genre dans lequel on ne l'avait pas encore vu s'exercer et que,
dans ses coups d'essai, il porte au plus haut degré". Cette oeuvre exposée au Louvre a inspiré de nombreux auteurs, peintres... Nous pouvons notamment citer Proust. "La négligence du déshabillé atteint,
dans l'autre pastel que Chardin nous a laissé de lui, à l'étrangeté cocasse d'un vieux
touriste anglais. Depuis l'abat-jour vigoureusement enfoncé sur le front jusqu'au
masulipatan noué autour du cou, tout donne envie de sourire, sans qu'on songe à s'en
cacher, devant ce vieil original qui doit être si intelligent, si fou, si doucement
docile à accepter une raillerie. Si artiste surtout. Car chaque détail de cette toilette
formidable et négligée, toute armée pour la nuit, semble autant qu'un défi à la
correction, un indice de goût. Si ce masulipatan rose est si vieux, c'est que le vieux
rose est plus doux. En voyant ces noeuds roses et jaunes dont la peau jaunie et rosée
semble garder les reflets, en reconnaissant dans le rebord bleu de l'abat-jour le sombre
éclat des bésicles d'acier, l'étonnement, que la mise surprenante du vieillard excite
d'abord, se fond en un charme doux, dans le plaisir aristocratique aussi de retrouver,
jusque dans le désordre apparent du déshabillé d'un vieux bourgeois, la noble
hiérarchie des couleurs précieuses, l'ordre des lois de la beauté. |