Jacques Lipchitz (1891-1973)
Eté 98, une exposition consacrée à Jacques Lipchitz était organisée par l'association Sculptures au Palais Royal. En 1999, deux femmes sculpteurs Magdalena Abakanowicz et Beverly Pepper exposerons au même endroit grâce à l'initiative de cette jeune association fondée il y a un an. Solange Auzias de Turenne était le commissaire de cette exposition. Nous lui devons également l'organisation de celles d'Henry Moore dans les jardins de Bagatelle en 1992, Botéro aux champs Elysées en 1992, et les Champs de la sculpture en 1996. |
Les Baigneuses (1923-25) |
Jacques Lipchitz, d'origine lithuanienne, arrive à Paris en 1909. Il s'intéresse alors peu à l'émulation artistique qui règne puisque ses goûts le portent vers l'art grec archaïque, l'art égyptien, l'art roman. Mais dès ses premiers cours aux beaux-arts, puis à l'Académie julian, il prend conscience du potentiel artistique de la toute jeune Ecole de Paris. Après 1913, il participe activement à la création cubiste comme en témoignent ses oeuvres. à cette époque, il rencontre Picasso par l'intermédiaire d'un de ses amis, Diego Rivera. Il entretient une très grande amitié avec Juan Gris et il côtoie Cendrars, Apollinaire, Chagall, Soutine, Modigliani... |
|
Entre 1915 et 1925, il crée des oeuvres véritablement cubistes ( Baigneuse). A cette époque, il établit une fois pour toute sa façon de travailler : il modèle l'argile, en obtient un plâtre qu'il utilise ensuite pour la fonte en bronze (édition de sept exemplaires). En 1920, sa première exposition individuelle a lieu dans la Galerie de l'effort Moderne de Léonce Rosenberg. Les formes courbes ou " baroques " apparaissent à cette époque. Pour l'expliquer, Lipchitz parlait d'une commande de chenets de Coco Chanel pour une cheminée toute en courbes. En 1924, il devient citoyen français, il vit à boulogne sur seine et son atelier est dessiné par le Corbusier. |
|
A partir de 1925, un changement radical apparaît dans son uvre : les " transparents " ou " sculptures ouvertes " procurent un nouveau jeu avec l'espace. Il ouvre les espaces intérieurs de ses sculptures et aborde des thèmes issus de sa vie privée. En 1933, il crée David et Goliath pour dénoncer la progression du fascisme. Il s'agit de sa première sculpture monumentale et politique traduisant selon l'auteur : " ma haine du fascisme et ma conviction que le David de la liberté triompherait du Goliath de l'oppression. Afin qu'il n'y eut aucun doute quant à mon intention, j'ornais le torse de Goliath d'une svastika ". Pour l'exposition universelle de 1937, le gouvernement français lui commande Prométhée étranglant le vautour. Son renom lui vaut une salle entière à l'exposition maîtres d'aujourd'hui au Petit Palais. |
|
Pendant la guerre, Lipchitz se cache, notamment à Toulouse. En 1941, lui et sa femme émigrent aux Etats-Unis. Etabli New-York, l'oeuvre de Lipchitz manifeste encore son opposition au régime nazi. Le couple est de retour en France en 1946 mais pour des raisons inconnues ses anciens amis lui tournent le dos, " on m'a dit de retourner chez mes Peaux-Rouges ". Le couple divorce. Lui se remarie avec une femme sculpteur. La naissance de sa fille est à l'origine d'une série de sculptures sur le thème de la maternité (Mère et enfant). Au début des années 50, de nombreuses commandes publiques lui sont passées. |
Mère et Enfant (1930) Mère et Enfant (1949) |
En 1956, à la suite d'une violente critique d'un confrère, Lipchitz crée une nouvelle technique : des bronzes " semi-automatiques " exécutés à partir de cire chaude En effet, un des ses élèves demanda à un autre de ses professeurs ce qu'il pensait de Lipchitz. Celui-ci laissa tomber au sol de la terre glaise et lui dit : " Voilà, c'est Lipchitz ". Une autre série fut intitulée " aux limites du possible ", technique par laquelle Lipchitz incorpore des objets trouvés à la cire. En 1962, il visite l'Italie pour la première fois. Il crée une série de bronze de petites dimensions intitulée Images d'Italie. A cette même période, il se rend pour la première fois en Israël. On lui commande Notre arbre de vie, cette oeuvre sera sa dernière commande publique. Lipchitz meurt en 1973 à Capri. Sa femme agrandi cette dernière uvre qui est placée à Jérusalem en 1978. |
|